DERNIERES PRODUCTIONS NACEO

La Troupe de théâtre Nacéo a été créée en avril 2007 par un groupe de comédiens québécois, sous l'impulsion du metteur en scène Olivier Sanquer. La première production de la Troupe, Les Feluettes ou La Répétition d'un drame romantique, mise en scène par Olivier Sanquer, tourne depuis deux ans entre Québec, Montréal et Avignon. Lors de l'édition 2009 du Festival d'Avignon, Nacéo proposera un programme double composé des Feluettes et de sa seconde création, Le Frigo, de Copi, mis en scène par Jérôme Brun-Picard.

La Troupe est déjà récipiendaire de trois prix d'excellence théâtrale : lors du Gala des Muses 2008 à Québec, la production des Feluettes a obtenu la Muse de la meilleure production théâtrale et la Muse de la meilleure interprétation masculine (Rouslan Kats). Cette même pièce s'est vue octroyer le prix du Spectacle de l'année 2009 au Gala Honoris du Festival Fusion Théâtre Neuf.


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PRODUCTIONS NACEO EN AVIGNON 2008 -2009
" Si le théâtre c'est la vie, l'apprentissage du théâtre peut-être l'apprentissage de la vie ". Cette citation du légendaire créateur britannique Peter Brook résume la thèse que le théâtre et la vie ne forme qu'un. Le théâtre à première vue lieu de la comédie, du masque et du factice transcende un auditoire qui assiste à un acte de sur-vérité. En effet, l'acceptation du mensonge théâtral facilite le processus d'" imaginarisation " scénique. Le spectateur ne voit pas la vie telle qu'elle est mais telle qu'elle est dans son imaginaire, telle qu'elle est quand il ferme les yeux. Le théâtre montre au public ce qu'il y a en lui, il est universel. Nous pourrions aller jusqu'à affirmer que le théâtre synthétise la vie, c'est une simplification de la vie. (Néanmoins, il ne faut pas oublier que les analogies entre le théâtre et la vie pourraient être infinies.) Quelle place pour l'accident dans ce monde de vérité? Les réactions sont faites en direct et on ne peut y échapper, le public pleure, rit, s'ennuie, hue, applaudit, et un accident risquerait à première vue de bouleverser ce fragile équilibre. Est-il pertinent de se servir de l'accident pour transcender la vérité théâtrale? L'imprévu peut-il sublimer la préparation la plus minutieuse, pour justement éradiquer cet inexplicable que l'on ne veut accepter ?

Pour bien parler de l'accident, penchons nous tout d'abord sur l'anti-accident par excellence : la préparation. Pour monter une pièce et contrôler l'imprévisible le metteur en scène a à sa disposition de multiples moyens théâtraux dont : les répétitions, le jeu des acteurs, la mise en scène, la scénographie, les costumes, le maquillage, les éclairages, la bande sonore, la salle, la production. (Le jeu a tendance a prendre néanmoins toute la place, il faut rappeler que cet élément ne constitue qu'une seule composante de la réussite d'une mise en scène mais est aussi la seule composante purement humaine et donc la plus incertaine de la création théâtrale.) La composante " accident " ne fait pas partie de cette liste. Pourtant, la vérité suprême vers laquelle tend l'art théâtral est justement comprise dans ce fameux accident qui incarne à lui seul la découverte, la surprise et la spontanéité. Ainsi, il faut au contraire rechercher l'accident, car l'accident est plus vrai que la vérité, l'accident est sur-vérité, et c'est de surcroît la forme de sur-vérité la plus simple et la plus facile à obtenir sur scène. Et pour laisser l'accident s'immiscer dans sa création un metteur en scène doit tout simplement rester ouvert à tout ce qui naît. Les plus beaux moments d'un spectacle se façonnent sur les imprévues de répétitions, les éclairs créatifs et non sur un travail complexe et fastidieux. Choisit-on d'être amoureux ? Sait-on pourquoi on aime une personne, un art, un métier, un lieu ? Non, on aime tout simplement. Il faut ainsi ne pas chercher l'accident, on ne peut pas " accidentiser " un spectacle, mais rester disponible et sensible à ce qui nous entoure tout en étant en phase et honnête avec soit même. Le seul vrai catalyseur d'imprévus scéniques est le changement lui-même moteur de la création. Le changement est déstabilisant, difficile, excitant, effrayant et par le fait même il est vivant. Changer c'est avant tout accepter la possibilité de se tromper l'accident, c'est accepter la vie. Cependant au théâtre il n'y a pas de bon ou de mauvais choix tendant vers le changement, le pire ennemi de la création étant l'inertie et la complaisance.

Il est intéressant de voir qu'en voulant à tout prix tout contrôler, en voulant à éviter l'imprévu le plus minime, on s'éloigne de l'idéal théâtral. Le théâtre a un besoin insatiable de non-théâtre. Le théâtre a besoin de vie et ne pas prendre conscience de cet élément pourtant si simple, c'est passer à coté de l'essentiel, ne pas accepter l'évidence que le théâtre est ce que le théâtre n'est pas.

Olivier Sanquer